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DISCUSSION ACADÉMIQUE DE 1830.

Ainsi se termina, pour renaître bientôt sous une autre forme, la célèbre discussion de 1830 : elle avait duré six semaines, et que de résultats obtenus dans ce court espace de temps ! De là datent véritablement la promulgation, l’avénement, la propagation rapide de ces vues nouvelles que Geoffroy Saint-Hilaire avait cru si longtemps, qu’il croyait encore, en 1818, ne devoir être comprises qu’après lui. On sait que Kepler aussi, écrivant son

    représentent dignement la science qu’ils ont fait avancer, les uns par l’analyse, les autres par la synthèse. Buffon prend le monde extérieur comme il est, comme un tout infiniment diversifié, dont les diverses parties se conviennent et s’influencent réciproquement. Daubenton, en sa qualité d’anatomiste, sépare et isole constamment, mais il se garde bien de comparer les faits isolés qu’il a découverts ; il range au contraire chaque chose, l’une à côté de l’autre, pour la mesurer et la décrire en elle-même. Cuvier travaille dans le même sens avec plus d’intelligence et moins de minutie ; il sait mettre à leur place, combiner et classer les innombrables individualités qu’il a observées ; mais il nourrit contre une méthode plus large cette appréhension secrète qui ne l’a pas empêché d’en faire quelquefois usage à son insu. Geoffroy rappelle Buffon sous quelques points de vue. Celui-ci reconnaît la grande synthèse du monde empirique, mais il utilise et fait connaître toutes les différences qui distinguent les êtres. Celui-là se rapproche de la grande unité, abstraction que Buffon n’avait fait qu’entrevoir ; loin de reculer devant elle, il s’en empare, la domine, et sait en faire jaillir les conséquences qu’elle recèle. » (Voyez Œuvres d’histoire naturelle de Gœthe, trad. de M. Martins, p. 163 et 164.)