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CHAPITRE XI.

Harmonique du monde, s’adressait surtout à des lecteurs posthumes. Erreur naturelle d’un inventeur qui, en se souvenant combien la vérité a été lente à se révéler à lui, oublie qu’une fois trouvée, un instant peut suffire pour déchirer le voile qui la couvre à tous les yeux. Voilà ce qui se passa en 1830 pour Geoffroy Saint-Hilaire. Bien des années lui avaient été nécessaires pour se démontrer à lui-même l’Unité de composition : ce fut assez de quelques semaines pour mettre en lumière les preuves qu’il avait rassemblées depuis un quart de siècle. Et c’est ainsi qu’une théorie, jusqu’alors délaissée par une partie des naturalistes eux-mêmes, se fit soudainement jour dans les esprits, et prit droit de cité dans la science.

Tel fut, pour Geoffroy Saint-Hilaire, l’immense résultat de la lutte de 1830. Qu’il ait confirmé, développé sur quelques points sa Théorie des analogues, ce n’est qu’un fait secondaire, et qui s’efface devant celui-ci : il l’a fait comprendre, et l’on s’est mis à l’étudier. Dans ce progrès, tous les autres étaient contenus, et le mouvement ne devait plus s’arrêter, même aux limites des sciences zoologiques. Mouvement si rapide, que peu d’années après, l’influence des vues de Geoffroy Saint-Hilaire devenait déjà sensible sur la médecine et sur la philosophie elle-même, et que dès 1844, l’illustre doyen de la Faculté des sciences de Paris pouvait