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DERNIERS TRAVAUX.

Ainsi, après 1830, le fond et la forme de la discussion se sont également modifiés : les convictions sont les mêmes, mais, questions et arguments, moyens et but, tout a changé. Et même, est-ce à bon droit que nous nous servons du mot de discussion ? Y a-t-il combat, quand les adversaires se tiennent hors de portée ? Chose singulière : Cuvier attaque encore Geoffroy Saint-Hilaire où il ne se défend plus, et Geoffroy Saint-Hilaire reste sans adversaire sur le terrain même des premiers et des plus beaux triomphes de Cuvier !

Une nouvelle collision fût-elle enfin sortie de cette opposition si profondément sentie, si vivement exprimée ? Et un débat public sur la variabilité des êtres, devait-il un jour éclairer la question fondamentale de la zoologie, comme, en 1830, la question fondamentale de l’anatomie comparée, de cette lumière soudaine qui naît parfois du choc des opinions ! On pouvait le prévoir, on pouvait l’espérer ; et Gœthe ne semble reprendre la plume, en 1832, que pour l’annoncer au monde savant.

Cette collision, ce débat ne devait pourtant jamais avoir lieu. Le 8 mai 1832, Cuvier, dans sa chaire du Collége de France, venait d’exposer avec éclat ses vues sur l’ensemble de la science, et l’Unité de composition, sujet de la dernière partie de sa leçon, avait eu l’honneur de ses plus vives