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DERNIÈRES ANNÉES.

La tendresse toute filiale de plusieurs de ses élèves ne se démentit pas un seul instant[1], et il en fut vivement touché. Lui qui avait tant aimé la jeunesse[2], il connut alors combien aussi il en était aimé ! Et cependant il n’avait pas tout su. Il avait fallu lui éviter une émotion qui pourtant lui eût été bien douce ! Plusieurs jeunes médecins, plusieurs étudiants, quoique inconnus à la famille, étaient venus réclamer d’elle, comme un devoir de leur reconnaissance, l’honneur de veiller auprès du malade : et parmi eux, plusieurs, trop jeunes pour avoir suivi ses cours, ne l’avaient même jamais aperçu ! Et ceux dont les soins étaient acceptés, se tenaient près de lui, gardant un pieux silence, et se retirant le matin sans que celui, dont ils venaient de soulager les maux, eût même soupçonné leur présence ; heureux encore s’il leur était arrivé d’obtenir, de sa main défaillante, un signe affectueux qui ne leur était pas destiné !

Il s’éteignit ainsi, toujours serein, toujours heureux, plus heureux peut-être dans les derniers

  1. Comment ne pas placer ici, du moins, le nom de M. le docteur Auzias, qu’il se plaisait à appeler son fidèle, et celui de M. Pucheran qui, après lui avoir donné de si tendres soins, a publié une si savante et si remarquable analyse de ses travaux ! Que d’autres noms nous aurions à citer !
  2. C’est à elle qu’il aima toujours à s’adresser. Voyez le Discours préliminaire de la Philosophie anatomique.