Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/45

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gravé sur cette colonne, me rappela une catastrophe dont mes yeux avoient été les témoins. Je suivois de ma fenêtre le ballon de cette infortunée ;


Ce globe altier, suivi d’un sinistre flambeau,
D’un cours majestueux s’emparoit de l’espace ;
Et, perçant de la nuit le ténébreux manteau,
M’apparoissoit comme un astre nouveau
Qui dans le firmament alloit prendre sa place.
Ce spectacle jamais ne lassoit mes regards,
Et jamais d’un cœur insensible
Je n’avois contemplé ce triomphe des arts.
A l’audace de l’homme il n’est rien d’impossible,
Disois-je en saluant ce conquérant des airs.
C’est peu que son génie ait envahi les mers :
Le ciel même à ses pas n’est plus inaccessible.
D’Icare vainement le destin le poursuit :
Sur un esquif léger qu’une vapeur conduit,
Il se plaît à braver d’effroyables naufrages ;
Il prend, loin de la terre, un vol ambitieux ;
Et, perçant sans pâlir la voûte des nuages,
Tel que l’oiseau sacré du souverain des dieux,
Entre l’Olympe et les orages
Il porte un front audacieux.
La terre applaudissoit à ce vol téméraire.
Tout-à-coup, ô surprise ! ô spectacle d’horreur !