Page:Vigée-Lebrun - Souvenirs de Mme Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun, tome 2.djvu/30

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verse la rue du Cours, puis je m’arrête à l’Académie de France. Notre directeur, M. Ménageot, vient à ma voiture ; je lui demande l’hospitalité jusqu’à ce que j’aie trouvé un logement, et voilà qu’il me donne aussitôt un petit appartement où ma fille et sa gouvernante sont logées près de moi. De plus, il me prête dix louis pour que je puisse achever de payer mon voiturin ; car il faut dire que je n’ai emporté avec moi que quatre-vingts louis, mon cher mari gardant tout pour lui, comme vous savez qu’il avait coutume de faire.

Le jour même de mon arrivée, M. Ménageot m’a menée avant tout à Saint-Pierre, dont l’immensité, d’après l’idée que l’on m’en avait donnée, ne m’a point frappée d’abord. J’attribue cet effet à la grandeur si bien calculée de tous ses détails : par exemple, à l’aspect de ces deux bénitiers de jaune antique, en forme de coquilles, que l’on voit en entrant, les enfans de quatre ou cinq ans qui les entourent ont six pieds de hauteur, et cette parfaite proportion diminue au premier coup d’œil la grandeur de l’église ;