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Page:Vigée-Lebrun - Souvenirs de Mme Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun, tome 2.djvu/37

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peut avoir cinquante ans, très délicate, sa santé s’étant altérée par suite du malheur qu’elle avait eu d’épouser d’abord un aventurier qui l’avait ruinée. Elle s’est remariée depuis à un architecte qui est pour elle un homme d’affaires. Elle a causé avec moi beaucoup et très bien, pendant les deux soirées que j’ai passées chez elle. Sa conversation est douce ; elle a prodigieusement d’instruction, mais aucun enthousiasme, ce qui, vu mon peu de savoir, ne m’électrisait pas.

Angelica possède quelques tableaux des plus grands maîtres, et j’ai vu chez elle plusieurs de ses ouvrages : ses esquisses m’ont fait plus de plaisir que ses tableaux, parce qu’elles sont d’une couleur titianesque.

J’ai été dîner hier avec elle chez notre ambassadeur, le cardinal de Bernis, à qui j’avais fait une visite trois jours après mon arrivée. Il nous a placées toutes deux à table à côté de lui. Il avait invité plusieurs étrangers et une partie du corps diplomatique, en sorte que nous étions une trentaine à cette table, dont le car-