beau, tout ce qui est notre apanage à nous autres. Allons donc ce serait mal les connaître, car ils ont la plus beLe histoire nationale, d’immenses bibliothèques et des monuments religieux qui contiennent des merveilles d’art[1].
Malgré tout ils sont restés des civilisés à part, parce qu’ils ont une tête organisée autrement que la nôtre. On va en avoir la preuve.
La méthode d’évangélisation du Japon ne ressemble pas à celle qu’on emploie en Corée. Quand les édits étaient toujours affichés, — il n’y a pas longtemps encore, — et en voie d’exécution pour empêcher les conversions, il était impossible aux missionnaires de prêcher comme ils le désiraient. Ils se disaient pourtant que si, pendant cette période d’impuissance forcée, l’on pouvait préparer l’avenir et se ménager des auxiliaires pour le jour de la liberté, on n’aurait pas perdu son temps. Guidés par cette sage prévoyance, ils ont pensé à préparer des catéchistes, et ils s’y sont surtout essayés à Tokio, — la capitale, — où la population nombreuse et mêlée pouvait offrir des ressources à cet égard.
Il y avait, en effet, à la capitale, nombre de jeunes gens venus pour y faire leurs études ou apprendre une profession quelconque.
Quand, une fois, les missionnaires ont été un peu connus, comme professeurs de français, les vocations ont commencé, et ils ont fait un choix de jeunes gens de bonne famille qui offraient comme capacité et dispositions ce que demandait la dignité de catéchiste. Ces jeunes gens ne pouvant étudier facilement au dehors en bien des circonstances, les missionnaires les ont mis à l’abri de toute gêne et de toute indiscrétion, en les recevant chez eux, et le catéchuménat a ainsi commencé à se recruter.
Les catéchumènes se livraient exclusivement à l’étude de la religion ; on leur donnait pour cela les livres imprimés par la lithographie de Yokohama, puis quand ils étaient en bonne voie, on leur faisait étudier les livres chinois, qui traitent de la religion et sont fort bien faits ; chaque jour ils assistaient à des catéchismes et à des instructions. Ceux qui
- ↑ Voir Japonneries d’automne, par P. Loti, etc. etc.