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Page:Vigny - Éloa, 1824.djvu/50

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ÉLOA.

« Mais tu n’entendis rien, mais tu ne me vis pas.
« Je revins à la Terre et je glissai mes pas
« Sous les abris de l’homme où tu reçus naissance.
« Je croyais t’y trouver protégeant l’innocence,
« Au berceau balancé d’un enfant endormi
« Rafraîchissant sa lèvre avec un souffle ami ;
« Ou bien comme un rideau développant ton aile,
« Et gardant contre moi, timide sentinelle,
« Le sommeil de la vierge aux côtés de sa sœur,
« Qui, rêvant sur son sein, le presse avec douceur.
« Mais seul je retournai sous ma belle demeure,
« J’y pleurai comme ici, j’y gémis, jusqu’à l’heure
« Où le son de ton vol m’émut, me fit trembler,
« Comme un prêtre qui sent que son Dieu va parler. »