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CHANT III.

Il disait ; et bientôt comme une jeune Reine,
Qui rougit de plaisir au nom de souveraine,
Et fait à ses sujets un geste gracieux,
Ou donne à leurs transports un regard de ses yeux,
Éloa soulevant le voile de sa tête,
Avec un doux sourire à lui parler s’apprête,
Descend plus près de lui, se penche, et mollement
Contemple avec orgueil son immortel amant.
Son beau sein comme un flot qui sur la rive expire,
Pour la première fois se soulève et soupire ;
Son bras comme un lis blanc sur le lac suspendu
S’approche sans effroi lentement étendu ;
Sa bouche parfumée en s’ouvrant semble éclore
Comme la jeune rose aux faveurs de l’aurore,
Quand le matin lui verse une fraîche liqueur,
Et qu’un rayon du jour entre jusqu’à son cœur.
Elle parle, et sa voix dans un beau son rassemble
Ce que les plus doux bruits auraient de grâce ensemble ;