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Page:Vigny - Éloa, 1824.djvu/52

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ÉLOA.

Et la lyre accordée aux flûtes dans les bois,
Et l’oiseau qui se plaint pour la première fois,
Et la mer quand ses flots apportent sur la grève
Les chants du soir aux pieds du voyageur qui rêve,
Et le vent qui se joue aux cloches des hameaux,
Ou fait gémir les joncs de la fuite des eaux :


« Puisque vous êtes beau, vous êtes bon, sans doute ;
« Car sitôt que des Cieux une ame prend la route,
« Comme un saint vêtement, nous voyons sa bonté
« Lui donner en entrant l’éternelle beauté.
« Mais pourquoi vos discours m’inspirent-ils la crainte ?
« Pourquoi sur votre front tant de douleur empreinte ?
« Comment avez-vous pu descendre du saint lieu ?
« Et comment m’aimez-vous, si vous n’aimez pas Dieu ? »