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Page:Vigny - Poèmes antiques et modernes, éd. Estève, 1914.djvu/159

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la dryade
ménalque

Ida ! j’adore Ida, la légère bacchante :
Ses cheveux noirs, mêlés de grappes et d’acanthe,
Sur le tigre, attaché par une griffe d’or.
Roulent abandonnés ; sa bouche rit encor
En chantant Évoë ; sa démarche chancelle ;
Ses pieds nus, ses genoux que la robe décèle[1],
S’élancent[2], et son œil, de feux étincelant.
Brille comme Phébus sous le signe brûlant.

bathylle

C’est toi que je préfère, ô toi, vierge nouvelle.
Que l’heure du matin à nos désirs révèle[3] !
Quand la lune au front pur, reine des nuits d’été,
Verse au gazon bleuâtre un regard argenté[4],
Elle est moins belle encor que ta paupière blonde,
Qu’un rayon chaste et doux sous son long voile inonde.

  1. Var : D, nuds,
  2. Gessner, Tbyvsis : Sa robe légère, s’insinuant dans les contours gracieux de sa taille et de ses genoux, flottait derrière elle au gré des airs, avec un doux frémissement. — Ce passage a été imité également par André Chénier (Bucoliques, éd. Dinioff, p. 149) ; mais il est à remarquer que ces vers de Chénier ne figurent pas dans l’édition de 1819.
  3. Gessner, Daphnis et Chloé : Ma Chloé plaît à l’égal des premiers rayons du matin, lorsque le soleil se détache lentement du sommet des montagnes.
  4. Chateaubriand, Génie, 1er partie, l. V, ch. 12, Deux perspectives de la nature : Une heure après le coucher du soleil, la lune se montra au-dessus des arbres… Une brise embaumée, que cette reine des nuits amenait de l’Orient avec elle, semblait la précéder… Le jour bleuâtre et velouté de la lune descendait dans les intervalles des arbres… La clarté de la lune dormait sans mouvement sur les gazons.