Et de mes vœux pour elle exaucez le dernier[1][2] :
Je vais mourir, hélas ! Symétha s’est fiée
Aux flots profonds[3] ; l’Attique est par elle oubliée.
Insensée ! elle fuit nos bords mélodieux,
Et les bois odorants, berceaux des demi-Dieux[4],
Et les chœurs cadencés dans les molles prairies.
Et, sous les marbres frais, les saintes Théories[5].
Nous ne la verrons plus, au pied du Parthénon,
Invoquer Athénée, en répétant son nom ;
Et, d’une main timide, à nos rites fidèle,
Ses longs cheveux dorés couronnés d’asphodèle.
Consacrer ou le voile, ou le vase d’argent,
Ou la pourpre attachée au fuseau diligent.
Ô vierge de Lesbos ! que ton île abhorrée
S’engloutisse dans l’onde à jamais ignorée.
Avant que ton navire ait pu toucher ses bords !
Qu’y vas-tu faire ? hélas ! quel palais, quels trésors
Te vaudront notre amour ? Vierge, qu’y vas-tu faire ?
- ↑ Gessner, La Navigation : Il fuit, le vaisseau qui porte Daphné sur des rives lointaines. Ah ! que du moins Zéphyr seul et les Amours volent autour d’elle ! — Horace, Odes, I, 3 (au vaisseau qui portait Virgile) :
Sic te diva potens Cypri,
Sic fratres Helenœ, lucida sidéra,
Ventorumque regat pater,
Obstrictis aliis, præter lapyga,
Navis, quæ tibi creditum
Debes Vergilium : finibus atticis
Reddas incolumem, precor,
Et serves animag dimidium meæ. - ↑ Var : P1, Et de mes vœux ce vœu montera le dernier.
- ↑ André Chénier (cite par Chateaubriand, Génie du Christianisme, 1802) :
Néère, ne va point te confier aux flots…
- ↑ Var : P1, A-C2, demi-dieux,
- ↑ Voir le passage des Martyrs cité ci-dessus, et la note : Grâce au Voyage d’Anacharsis, tout le monde sait aujourd’hui qu’une théorie veut dire une procession ou une pompe religieuse. — Le passage visé d’Anacharsis est le chapitre LXXVI, Délos et les Cyclades.