» Presse mes yeux souffrants de son épais fardeau.
» Soin stérile et cruel ! car de ces édifices
» Ils n’ont jamais tenté les sombres artifices.
» Soldats ! vous outragez le ministre et le Dieu,
» Dieu même que mes mains apportent dans ce lieu. »
Il parle ; mais en vain sa crainte les prononce :
Ces mots et d’autres cris se taisent sans réponse[1].
On l’entraîne toujours en des détours savants.
Tantôt crie à ses pieds le bois des ponts mouvants[2] ;
Tantôt sa voix s’éteint à de courts intervalles,
Tantôt fait retentir l’écho des vastes salles ;
Dans l’escalier tournant on dirige ses pas[3] ;
Il monte à la prison que lui seul ne voit pas,
Et, les bras étendus, le vieux prêtre timide
Tâte les murs épais du corridor humide[4].
On s’arrête ; il entend le bruit des pas mourir[5],
Sous de bruyantes clefs des gonds de fer s’ouvrir[6] ;
Il descend trois degrés sur la pierre glissante[7],
Et, privé du secours de sa vue impuissante,
La chaleur l’avertit qu’on éclaire ces lieux ;
Enfin, de leur bandeau l’on délivre ses yeux.
Dans un étroit cachot dont les torches funèbres
- ↑ Var : M, Ces mots et d’autres cris demeurent (corr. : se taisent) sans réponse.
- ↑ Var : M, P1, Tantôt craque
- ↑ Var : M, P1, D’un escalier rapide on avertit ses pas :
- ↑ Var : M, P1, D’un mur qui le conduit tâte l’obstacle humide.
- ↑ Var : (M ?), P1, A-C2, le bruit des pieds — Pour ce vers comme pour quelques autres qu’on trouvera plus loin, il ne m’a pas été signalé de variante manuscrite. J’ai peine à croire cependant que Vigny ait écrit du premier coup la version définitive, puis l’ait modifiée, — parfois peu heureusement, — dans le texte de l’édition originale, pour y revenir sept ans, ou même, dans un cas, trente ans après. J’exprime ce doute en faisant suivre d’un point d’interrogation le sigle M placé entre parenthèses.
- ↑ Var : (M ?), P1, Sous de bruyantes clés une porte s’ouvrir ;
- ↑ Var : M, P1, Il descend quelques pas