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poèmes antiques et modernes

Monts gelés et fleuris, trône des deux saisons,
Dont le front est de glace et le pied de gazons[1][2] !
C’est là qu’il faut s’asseoir, c’est là qu’il faut entendre[3]
Les airs lointains d’un Cor mélancolique et tendre[4].

Souvent un voyageur, lorsque l’air est sans bruit.
De cette voix d’airain fait retentir la nuit ;
À ses chants cadencés autour de lui se mêle
L’harmonieux grelot du jeune agneau qui bêle.

Une biche attentive, au lieu de se cacher.
Se suspend immobile au sommet du rocher.
Et la cascade unit, dans une chute immense.
Son éternelle plainte au chant de la romance[5].

Âmes des Chevaliers, revenez-vous encor[6] ?
Est-ce vous qui parlez avec la voix du Cor[7] ?
Roncevaux ! Roncevaux ! dans ta sombre vallée
L’ombre du grand Roland n’est donc pas consolée[8] !

  1. Delille, L’Homme des Champs, ch. iii :

    Ici de frais vallons, une terre féconde ;
    Là des rocs décharnés, vieux ossements du monde ;
    À leur pied le printemps, sur leur front les hivers.

  2. Var : O, trônes
  3. Var : O, P2, A, les pieds
  4. Var : O, cor
  5. Var : C3, D, aux chants
  6. Var : O, chevaliers
  7. Var : O, cor
  8. Var : O, Rolland