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poèmes antiques et modernes

Le Havre a pour parure ensemble et pour appui
Notre-Dame-de-Grâce et Honfleur devant lui ;
Bordeaux, de ses longs quais parés de maisons neuves,
Porte jusqu’à la mer ses vins sur deux grands fleuves[1] ;
Toute ville à Marseille aurait droit d’envier
Sa ceinture de fruits, d’orange et d’olivier[2] ;
D’or et de fer Bayonne en tout temps fut prodigue ;
Du grand Cardinal-Duc La Rochelle a la digue[3] ;
Tous nos ports ont leur gloire ou leur luxe à nommer ;
Mais Toulon a lancé la Sérieuse en mer[4].

LA TRAVERSÉE

III

Quand la belle Sérieuse
Pour l’Égypte appareilla,
Sa figure gracieuse
Avant le jour s’éveilla ;
À la lueur des étoiles
Elle déploya ses voiles,
Leurs cordages et leurs toiles,
Comme de larges réseaux,
Avec ce long bruit qui tremble,
Qui se prolonge et ressemble
Au bruit des ailes qu’ensemble
Ouvre une troupe d’oiseaux[5].

  1. Var : A, Porte à la mer ses vins sur l’eau de deux grands fleuves ;
  2. Var : A, Sa ceinture de fruits d’orange et d’olivier ;
  3. Var : A, Toulon a ses beaux forts, La Rochelle a sa digue ;
  4. Var40 : A, Mais Le Havre a lancé La Sérieuse en mer.
  5. Byron, Childe Harold, II, st. 17 (trad. Pichet) : Celui qui a parcouru la route azurée des flots a pu voir quelquefois un brillant