Qu’il s’attache avec feu, comme l’œil du serpent
Qui pompe du regard ce qu’il suit en rampant,
Tourne sur le donjon qu’un parapet prolonge,
D’où la vue à loisir sur tous les points se plonge
Et règne, du zénith, sur un monde mouvant
Comme l’éclair, l’oiseau, le nuage et le vent.
Que vois-tu dans la nuit, à nos pieds, dans l’espace.
Et partout où mon doigt tourne, passe et repasse[1] ?
— « Je vois un cercle noir, si large et si profond
» Que je n’en aperçois ni le bout ni le fond.
» Des collines, au loin, me semblent sa ceinture,
» Et pourtant je ne vois nulle part la nature,
» Mais partout la main d’homme et l’angle que sa main
» Impose à la matière en tout travail humain.
» Je vois ces angles noirs et luisants qui, dans l’ombre,
» L’un sur l’autre entassés, sans ordre ni sans nombre,
» Coupent des murs blanchis pareils à des tombeaux.
» — Je vois fumer, brûler, éclater des flambeaux,
» Brillants sur cet abime où l’air pénètre à peine
- ↑ Entre les vers 12 et 13 : D, ni blanc ni filet.
« Parmi ce peu de personnes que les convulsions politiques ont laissées sensibles aux charmes de la littérature, on parle beaucoup d’un petit poème, d’une composition tout à fait originale, intitulé : Montmartre. Si nous ne craignions de commettre une indiscrétion, nous ferions connaître le nom de l’auteur, jeune officier qui remplit déjà toutes les espérances qu’il a fait concevoir à ses amis, et dont la réputation naissante ne tardera pas à devenir de la célébrité. Nous n’osons donner notre opinion sur ses ouvrages ; ce n’est pas notre habitude de louer sans mesure, et nous nous contentons de prédire qu’on y trouvera la poésie d’André Chénier et l’originalité de Lord Byron. » Dans la même livraison se trouvait l’article signé A. de V. sur les Œuvres complètes de Lord Biron, qui est la première trace de la collaboration de Vigny au Conservateur.