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Page:Vigny - Poèmes antiques et modernes, éd. Estève, 1914.djvu/266

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» Comme des diamants incrustés dans l’ébène.
» — Un fleuve y dort sans bruit, replié dans son cours,
» Comme dans un buisson la couleuvre aux cent tours.
» Des ombres de palais, de dômes et d’aiguilles,
» De tours et de donjons, de clochers, de bastilles,
» De châteaux forts, de kiosks et d’aigus minarets ;
» De formes de remparts, de jardins, de forêts,
» De spirales, d’arceaux, de parcs, de colonnades,
» D’obélisques, de ponts, de portes et d’arcades,
» Tout fourmille et grandit, se cramponne en montant,
» Se courbe, se replie, ou se creuse ou s’étend[1].
» — Dans un brouillard de feu je crois voir ce grand rêve.
» La tour où nous voilà dans le cercle s’élève.
» En le traçant jadis, c’est ici, n’est-ce pas,
» Que Dieu même a posé le centre du compas ?
» Le vertige m’enivre, et sur mes yeux il pèse.
» Vois-je une Roue ardente, ou bien une Fournaise[2] ? »



— Oui, c’est bien une Roue ; et c’est la main de Dieu
Qui tient et fait mouvoir son invisible essieu.

  1. Il ne semble pas qu’il y ait ici autre chose qu’une rencontre avec le fameux chapitre de Notre-Dame de Paris, Paris à vol d’oiseau « vu du haut des tours de Notre-Dame » (l. III, ch. 2) — (Le roman de Victor-Hugo a paru le 17 Mars 1831 ; le poème de Vigny environ un mois plus tard) : Pour le spectateur qui arrivait essoufflé sur ce faîte, c’était d’abord un éblouissement de toits, de cheminées, de rues, de ponts, de plans, de flèches, de clochers. Tout vous prenait aux yeux à la fois, le pignon taillé, la toiture aiguë, la tourelle suspendue aux angles des murs, la pyramide de pierre du onzième siècle, l’obélisque d’ardoise du quinzième, la tour ronde et nue du donjon, la tour carrée et brodée de l’église, le grand, le petit, le massif, l’aérien. Le regard se perdait longtemps à toute profondeur dans ce labyrinthe…
  2. Entre les vers 40 et 41, D, ni blanc ni filet.