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Page:Vigny - Poèmes antiques et modernes, éd. Estève, 1914.djvu/88

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poèmes antiques et modernes

» De mon heure chérie annonce la venue[1] ;
’75 » Il vante mon approche aux pâles alisiers,
» Il la redit encore aux humides rosiers ;
» Héraut harmonieux, partout il me proclame ;
» Tous les oiseaux de l’ombre ouvrent leurs yeux de flamme.
» Le vermisseau reluit ; son front de diamant
» Répète auprès des fleurs les feux du firmament,
» Et lutte de clartés avec le météore[2]
» Qui rôde sur les eaux comme une pâle aurore.
» L’étoile des marais, que détache ma main,
» Tombe et trace dans l’air un lumineux chemin[3][4].



» Dédaignant le remords et sa triste chimère[5],
» Si la Vierge a quitté la couche de sa mère,


    silences de la nuit et les derniers murmures du jour luttent sur les coteaux, au bord des fleuves, dans les bois et dans les vallées ; lorsque les forêts se taisent par degrés, que pas une feuille, pas une mousse ne soupire, que la lune est dans le ciel, que l’oreille de l’homme est attentive, le premier chantre de la création entonne ses hymnes à l’Éternel.

  1. Milton, P. P., V, 35 : Il me semblait que, me parlant à l’oreille, quelqu’un m’invitait à la promenade avec une douce voix. Cette voix disait : « Pourquoi dors-tu, Ève ? Voici l’heure enchanteresse, l’heure fraîche, l’heure silencieuse, sauf là où le silence se retire devant l’oiseau mélodieux des nuits, qui, maintenant éveillé, module très doucement son chant inspiré par l’amour ; maintenant, dans son plein, règne la lune ;… le ciel ouvre tous ses yeux ».
  2. Var : M, Et lutte près des eaux (1er corr. : par l’éclat 2e corr. : de clartés) avec le météore
  3. Byron, Manfred, I, 1 : Quand la lune sera sur la vague, et le verluisant dans le gazon, et le météore sur le tombeau, et le feu-follet sur le marais, quand tomberont les étoiles filantes, quand les hiboux se répondront en huant…
  4. Var v. 183-184 : M, 1er main, L’étoile des marais que détachent mes mains | Tombe (sur biffé) et s’ouvre dans l’air de rapides chemins. 2e main, texte actuel.
  5. Var : M, 1er main, Soulevant du devoir la chaîne trop amère, 2e main, texte actuel.