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poèmes antiques et modernes


» La voilà sous tes yeux l’œuvre du Malfaiteur[1] ;
» Ce méchant qu’on accuse est un Consolateur[2]
» Qui pleure sur l’esclave et le dérobe au maître[3],
» Le sauve par l’amour des chagrins de son être[4],
» Et, dans le mal commun lui-même enseveli[5],
» Lui donne un peu de charme et quelquefois l’oubli[6]. »
Trois fois, durant ces mots, de l’Archange naissante,
La rougeur colora la joue adolescente,
Et, luttant par trois fois contre un regard impur,
Une paupière d’or voila ses yeux d’azur.


    se revêt de tous ses charmes. Il prend à la main une torche odorante, et traverse les bois de l’Arcadie. Les zéphyrs agitent doucement la lumière du flambeau. Le fantôme magique fait naître sous ses pas une foule de prestiges. La nature semble se ranimer à sa présence, la colombe gémit, le rossignol soupire, le cerf suit en bondissant sa légère compagne… On entend des voix mystérieuses dans la cime des arbres.

  1. Var : M, La voilà, (tu le vois biffé) sous tes yeux, l’œuvre du malfaiteur ; — Au mot malfaiteur un renvoi à la note suivante, inscrite au bas de la page : Car sans doute on t’aura dit de te méfier de moi.
  2. Var : M, libérateur (en surcharge : consolateur) O, A-C2, consolateur.
  3. Var : M, Qui gémit sur l’esclave
  4. Var : M, 1er  main, du désespoir de l’être, 2e main, du désespoir de naître, 3e main, texte actuel.
  5. Var) : M, Et dans ce mal
  6. Entre 216 et 217, un hémistiche, amorce d’un développement qui n’a pas été poursuivi : Tendre et faible Éloa (biffé).