Page:Vigny - Servitude et grandeur militaires, 1885.djvu/143

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oiselle Colombe,

célèbre cantatrice de la Comédie-Italienne, laquelle paraîtra dans
la seconde pièce. SA MAJESTÉ LA REINE a daigné promettre qu’elle
honorerait le spectacle de sa présence. »

— « Eh bien, dis-je, mon capitaine, qu’est-ce que cela peut me faire, ça ?

— Tu es un bon sujet, me dit-il, tu es beau garçon ; je te ferai poudrer et friser pour te donner un peu meilleur air, et tu seras placé en faction à la porte de la loge de la Reine. »

Ce qui fut dit fut fait. L’heure du spectacle venue, me voilà dans le corridor, en grande tenue du régiment d’Auvergne, sur un tapis bleu, au milieu des guirlandes de fleurs en festons qu’on avait disposées partout, et des lis épanouis, sur chaque marche des escaliers du théâtre. Le directeur courait de tous côtés avec un air tout joyeux et agité. C’était un petit homme gros et rouge, vêtu d’un habit de soie bleu de ciel, avec un jabot florissant et faisant la roue. Il s’agitait en tous sens, et ne cessait de se mettre à la fenêtre en disant :

« Ceci est de la livrée de madame la duchesse de Montmorency ; ceci, le coureur de M. le duc de Lauzun ; M. le prince de Guéménée vient d’arriver ; M. de Lambesc vient après. Vous avez vu ? vous savez ? Qu’elle est bonne, la Reine ! Que la Reine est bonne ! »

Il passait et repassait effaré, cherchant Grétry,