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DE SERVITUDE MILITAIRE.

fièvre ; les folles sont comme ça. Tiens, voilà du chocolat pour toi, mon enfant.

Il appuya la charrette à l’arbre, et nous nous assîmes sous les roues, à l’abri de l’éternelle ondée, partageant un petit pain à lui et un à moi ; mauvais souper.

— Je suis fâché que nous n’ayons que ça, dit-il ; mais ça vaut mieux que du cheval cuit sous la cendre avec de la poudre dessus, en manière de sel, comme on en mangeait en Russie. La pauvre petite femme, il faut bien que je lui donne ce que j’ai de mieux. Vous voyez que je la mets toujours à part ; elle ne peut pas souffrir le voisinage d’un homme depuis l’affaire de la lettre. Je suis vieux, et elle a l’air de croire que je suis son père ; malgré cela, elle m’étranglerait si je voulais l’embrasser seulement sur le front. L’éducation leur laisse toujours quelque chose, à ce qu’il paraît, car je ne l’ai jamais vue oublier de se cacher comme une religieuse. — C’est drôle, hein ?

Comme il parlait d’elle de cette manière, nous l’entendîmes soupirer et dire : Ôtez ce plomb ! ôtez-moi ce plomb ! Je me levai, il me fit rasseoir.

— Restez, restez, me dit-il, ce n’est rien ; elle dit ça toute sa vie, parce qu’elle croit toujours sentir une balle dans sa tête. Ça ne l’empêche pas de faire tout ce qu’on lui dit et cela avec beaucoup de douceur.

Je me tus en l’écoutant avec tristesse. Je me