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les pirates du désert

Les bandits frémissaient de colère impuissante. Ces écumeurs du désert, qui avaient tant de fois trempé leurs mains dans le sang des malheureux voyageurs que leur mauvaise étoile plaçaient sur leur route, ne pouvaient se faire à l’idée qu’un homme avait osé infliger à cinq des leurs une mort infamante.

— Calmez-vous et prenez patience, leur dit James avec un sourire terrible : mon frère et nos amis seront vengés, je vous le jure !

Cette promesse apaisa un peu la fureur des bandits.

— Que comptes-tu faire ? Interrogea l’un d’eux.

— Ce soir, pendant que les Indiens attaqueront la Mission, nous profiterons du désordre pour nous y introduire.

— Hum ! je doute fort que nous puissions venir à bout de la garnison.

— Vous vouliez bien tenter le coup tout à l’heure.

— C’est vrai, mais tu nous as fait comprendre que c’eût été un acte de folie. Aussi ai-je le droit d’être étonné en te voyant disposé à accomplir ce que tu as empêché de faire.

— Tu aurais raison si telle était mon intention.

— Explique-toi, car je ne te comprends plus.

— J’ai dit que nous nous introduirons dans la Mission, c’est vrai ; mais au lieu d’attaquer ceux qui s’y trouveront, nous nous dissimulerons, au contraire, le plus possible, et si notre présence peut n’être pas remarquée, nous enlèverons le fils et la fille du colonel.

— Et qu’en ferons-nous ?

— Ce que nous en ferons ? dit James avec un rictus cruel : nous les livrerons aux Peaux-Rouges, qui leur infligeront une mort indienne ; après quoi, nous renverrons au colonel les têtes de ses enfants.

— Bravo ! hurlèrent les pirates.

— Alors, dit James, vous trouvez que, de la sorte, nos amis seront suffisamment vengés ?

Des cris d’enthousiasme furent la seule réponse des bandits.