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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

que sa cage ; et, sans avoir besoin de l’aigle, personnage noble en tout temps, elle dirait ce coq guerroyant au logis (ἐνδομάχης), dont s’effrayait le bon abbé Massieu.

Dans tous les cas, et sans empiéter sur les droits et usurper la langue du poëte français, banni maintenant comme l’exilé de Crète, il nous semble qu’en prose du moins, l’essai le plus naturel serait de traduire à peu près ainsi, pour donner quelque faible idée de l’élévation et des contrastes du lyrique thébain :

à Ergotèle, vainqueur à la double course.

« Je t’en supplie, fille de Jupiter libérateur, veille autour de la puissante Himère, Fortune préservatrice. Par toi sont gouvernés sur mer les légers navires, sur terre les turbulents combats et les assemblées qui délibèrent ; et, tantôt soulevées, tantôt abaissées, au travers de vains mensonges, roulent les espérances des hommes. Nul des habitants de la terre n’a encore reçu des dieux un gage assuré de l’événement futur ; mais, sur l’avenir, les âmes ont été frappées d’aveuglement. Bien des choses adviennent aux hommes contre leur attente et pour leur déplaisir ; et quelques-uns aussi, après s’être aheurtés à d’affreuses tempêtes, ont vu tout à coup le mal se changer pour eux en souverain bonheur. Fils de Phalanor, et toi aussi, comme un coq guerroyant au logis, tu voyais au coin du foyer domestique se