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ET LA PATIENCE.

Royaume, afin de régler leur partage, & je désignai, pour la Souveraineté que je lui voulois ériger, plusieurs Places, qui, par leur situation, le mettoient à couvert contre la mauvaise volonté de celui qu’il ne pouvoit douter qui ne fût son ennemi.

Les précautions que je prenois pour la sûreté du cadet, ne me firent pas négliger celle de l’ainé. Je fis fortifier le Pays qui lui devoit rester, de sorte qu’ils ne pussent rien entreprendre l’un contre l’autre, soit par vengeance ou par ambition, étant résolu, quand je n’aurois plus que le Prisonnier à pourvoir, de lui faire un sort si heureux, qu’il en pût être content ; & si, malgré mes soins, je ne le pouvois satisfaire, je me promis sans peine, de lui abandonner tout-à-fait cette Couronne, fatal objet de ses desirs, aimant mieux la lui céder volontairement, que de le porter à des actions criminelles, qui ne pourroient se terminer que d’une façon tragique, & qu’à quelque prix que ce fût, je voulois éviter.

Cependant les nouvelles de ce qui le passoit furent portées jusqu’à la prison ; mais ceux qui l’en instruisirent, n’ayant pas su pénétrer les raisons qui me faisoient agir, lui dirent que j’avois dessein de le laisser dans cet esclavage le reste de ses