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LE TEMPS

qu’il pouvoit avoir avec la liberté de sa Maîtresse, elle lui répondit que, pourvu qu’il le payât cher, & beaucoup plus qu’il ne valoit, elle croyoit avoir trouvé son affaire ; ajoutant que, sur l’espérance qu’il lui offroit, si lui & sa Troupe n’étoient pas en état de donner toute la somme que le Propriétaire de ce char leur demanderoit, elle fourniroit le reste avec grand plaisir, quand tout ce qu’elle possédoit devroit y entrer, & qu’elle devroit se vendre elle-même, & redevenir encore esclave. Almenza, édifié d’un zele qui ne se démentoit point, & qui étoit digne, non d’une personne née dans les fers, mais de quelqu’un de la plus haute élévation, la loua de sa bonne volonté, qu’il lui promit de faire connoître à la Reine ; mais il lui dit qu’il n’avoit besoin de son secours, dans cette occurrence, pour rien autre chose qu’afin d’avoir le char en diligence, étant assez riche pour en payer tout ce que celui qui l’avoit exigeroit, la pressant de voir promptement ce que l’on en voudroit, & de le faire amener dans sa cour, où il seroit payé comptant.

Je n’irai pas loin pour cela, reprit cette femme, ranimée par la promesse d’Almenza, puisque celui que Mouba a fait préparer pour son triomphe, est dans ma