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LES PRINCIPES DES MOTEURS THERMIQUES.

du temps[1] : l’écoulement n’est pas un écoulement permanent (c’est d’ailleurs justement une condition qui lui permet de fournir du travail), et cela rend très complexe l’analyse des transferts d’énergie.

Si nous revenons au cas de la turbine à action à gaz (ou à vapeur), les mêmes considérations s’appliquent encore, mais se trouvent compliquées du fait de la compressibilité du fluide. Les gradients transversaux de pression entraînent corrélativement des gradients de densité : les molécules se tassent contre la paroi concave qui dévie le jet, comme elles se tassent, dans l’atmosphère, au voisinage du sol qui s’oppose à leur déplacement vers le bas par la pesanteur. Il y a, de ce fait, dans l’aubage mobile, une évolution thermodynamique, d’ailleurs réversible et de résultat total nul, superposée à l’évolution purement mécanique que subissent les liquides incompressibles. La compression (adiabatique parce que très rapide) des filets ventraux s’accompagne d’une augmentation momentanée de leur énergie interne.

Il ne peut donc être question que de valeurs moyennes, de la pression et du volume spécifique, dans les diverses sections normales de l’aubage.

On peut construire des turbines à vapeur avec des aubages tels qu’il y ait une chute de valeur de la pression moyenne depuis la section d’entrée jusqu’à la section de sortie de l’aubage mobile. Celui-ci joue alors simultanément les deux rôles répartis entre les aubages fixe et mobile d’une turbine à action pure : il assure la production d’un supplément d’énergie cinétique relative, par les gradients de pression qu’il maintient, et il dévie en même temps la vitesse relative pour annuler l’énergie cinétique absolue.

Dans ces turbines mixtes, la résultante motrice est liée simultanément aux gradients transversaux de pression comme dans la turbine à action, et aux gradients longitudinaux. Le travail est produit en même temps par action cinétique et par réaction dynamique.

On peut éclairer ce second processus moteur par l’exemple d’une turbine particulière où il interviendrait seul. Supposons découpé, dans la paroi d’une chaudière, un disque circulaire rendu mobile

  1. L’épaisseur non nulle des cloisons de séparation — qui se déplacent — entraîne de plus que les filets liquides dessinés par rapport aux axes fixes ne suivent même pas des trajectoires géométriquement permanentes.