Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/185

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De toutes parts, les questions se croisaient :

— Comment ferait-il pour en donner un plus beau l’année prochaine, puisque celui de Me Percenoix était le plus beau dîner du monde ?

— Projet absurde !

— Équivoque ?

— Inqualifiable !

— Non avenu…

— Risible !!!

— Puéril…

— Indigne d’un homme de sens !

— La passion l’avait emporté ; — l’âge, peut-être !

On rit beaucoup. — L’introducteur du phylloxera, qui, pendant le festin, avait fait des mamours à madame Lecastelier, ne tarissait pas en épigrammes :

— Ah ! ah ! En vérité !… Un plus beau ! — Et comment cela ? — Oui, comment cela ?… La chose était des plus gaies !

Il ne tarissait pas.

Me Percenoix se tenait les côtes.

Cet incident termina joyeusement le banquet. Portant aux nues l’amphitryon, les convives, bras dessus bras dessous, s’élancèrent à la débandade hors de la maison, précédés des lanternes de leurs domestiques. Ils n’en pouvaient plus de rire devant l’idée saugrenue, présomptueuse même, et qui ne pouvait se discuter, de vouloir donner « un plus beau dîner que le plus beau dîner du monde ».

Ils passèrent ainsi, fantastiques et hilares, dans la