Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/357

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cratère par la vertu d’une loi miraculeuse, et qui se consumerait de sa vitesse intérieure, sans se désagréger ni se dissoudre.

L’heure passe, vague, lourde, insaisissable…

Il s’interroge. Certes, un trouble se produit, à son sujet, au fond des lois divines ?…

Épouvantée de l’hésitation du Ciel, son intelligence retombe et tournoie dans un délire d’inquiétudes surnaturelles. Un vaste effroi neutralise la vertu de ses pensées.

Ainsi l’influence d’Azraël immobile se manifeste pour Helcias sous la forme de ces anxiétés effroyables.

Le vieillard, maintenant éperdu, ressemble à un prêtre qui survivrait à ses dieux morts. Il ne peut déserter l’habitacle charnel où il est surpris et rivé par le regard d’un Être dont la conception totale dépasse la hauteur de son esprit. Le voici haletant comme une victime. Ce qui le précipite du Seuil de Domination et le replonge dans la vieille poussière oubliée des sensations humaines, ce n’est pas la présence de l’Exterminateur même, c’est l’impénétrable inaction, en son attribut essentiel, d’un Être de cette origine.

Inconscient de ses actes, il agite autour de lui le faisceau redoutable des conjurations, oubliant leur vanité devant ce Messager ! Mais sa voix n’est déjà plus celle qui obtient toujours sans jamais prier.

Ses obsécrations, refoulées par les Sept-Flammes de l’esplanade, retombent autour de lui, peuplant l’air, tristement, de larves et de fantômes ! Son aspect