Aller au contenu

Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

― Cela viendra ! dit Edison ; c’est l’affaire de Hadaly.

― Un autre homme, ne fût-ce que par curiosité, accepterait bien vite l’exemplaire que vous m’offrez !

― Aussi ne le proposerais-je pas à tout le monde, répondit en souriant Edison. Si j’en lègue la formule à l’Humanité, je plains les réprouvés qui en prostitueront le secours, voilà tout.

― Voyons, dit lord Ewald, la parole, sur ce terrain, finit par sonner comme un sacrilège : sera-t-il toujours temps de suspendre ― l’exécution ?

― Oh ! même après l’œuvre accomplie, puisque vous pourrez toujours la détruire, la noyer, si bon vous semble, sans déranger pour cela le Déluge.

― En effet, dit lord Ewald, profondément rêveur ; mais il me semble qu’alors ce ne sera plus la même chose.

― Aussi je ne vous conseille en rien d’accepter. Vous souffrez : je vous parle d’un remède. Seulement le remède est aussi efficace que dangereux. Mille fois libre à vous de refuser.

Lord Ewald semblait devenu perplexe, et d’autant plus qu’il lui eût été difficile de préciser pourquoi.

― Oh ! quant au danger !… dit-il.

― S’il n’était que physique, je vous dirais : Acceptez !

― Ce serait donc ma raison qui serait menacée ?

Après un instant :

― Milord Ewald, reprit Edison, certes, vous êtes la plus noble nature que j’aie rencontrée sous les cieux. Une très-mauvaise étoile vous a jeté sa