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Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/132

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― C’est que, dit lord Ewald, je n’ai point d’appartement retenu dans Menlo Park pour cette nuit.

Pendant qu’il parlait, Edison avait déjà fait jouer le manipulateur de son appareil Morse : les fils tremblaient.

― Un seul instant, dit-il.

Et il appliqua sur le récepteur un carré de papier qui, dix secondes après, sauta hors du cadre.

― L’appartement, dites-vous ? Vraiment, c’était prévu ! En voici un ! s’écria-t-il froidement en lisant ce qui venait de s’empreindre sur la feuille. ― Je viens de louer pour vous une villa tout à fait charmante, assez isolée même, à vingt minutes d’ici, et l’on vous y attendra toute la nuit. Vous me restez à souper, n’est-ce pas, avec miss Alicia Clary ? C’est dit. À l’arrivée du train, pour éviter le temps perdu, mon groom, nanti de cette photographie nouvelle où n’est reproduit que le visage seul de miss Venus-victrix, lui offrira ma voiture de votre part et conduira. ― Nulle erreur, aucun malentendu ne sont à craindre : il ne descend ici presque personne à cette heure-là.. Donc, ne vous inquiétez de rien.

Tout en parlant, il avait extrait un médaillon-carte d’un objectif : il le jeta dans une boîte fixée à la muraille, après avoir enveloppé la carte de deux lignes tracées à la hâte, au crayon.

La boîte correspondait au translateur d’un tuyau pneumatique ; une petite sonnerie, tout auprès, annonça que le message était reçu et que l’ordre serait exécuté.

Revenant à l’appareil Morse, il continua de télégraphier d’autres ordres sans doute.