Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/148

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lève, ― comme celui d’une femme idéale qui serait toujours bien portante. L’air, en passant entre ses lèvres, et en faisant palpiter ses narines, se parfume, tiédi par l’électricité, des effluves d’ambre et de roses dont l’électuaire oriental lui laisse le souvenir.

L’attitude la plus naturelle de la future Alicia, ― je parle de la réelle, non de la vivante, ― sera d’être assise et accoudée, la joue contre la main, ― ou d’être étendue sur quelque dormeuse ― ou sur un lit, comme une femme.

Elle demeurera là, sans autre mouvement que sa respiration.

Pour l’éveiller à son énigmatique existence, il vous suffira de lui prendre la main, en faisant agir le fluide de l’une de ses bagues.

― L’une de ses bagues ? demanda lord Ewald.

― Oui, dit Edison, celle de l’index ; c’est son anneau nuptial.

Il indiqua la table d’ébène.

― Savez-vous pourquoi cette main surprenante a répondu à votre pression, tout à l’heure ? ajouta-t-il.

― Non, certes, répondit lord Ewald.

― C’est parce qu’en la serrant vous avez impressionné la bague, dit Edison. Or, Hadaly, si vous l’avez remarqué, a des bagues à tous les doigts et les diverses pierreries de leurs chatons sont toutes sensibles. En dehors de ces longues scènes extra-terrestres, ― aux confidences, aux sensations vertigineuses, ― scènes où vous n’aurez nullement à vous occuper d’elle puisqu’elle en portera les heures complètes inscrites en sa forme et