Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/187

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« D’abord, on lui avait coupé la retraite.

« Ensuite, qui le saurait ? Nulles conséquences n’étaient à craindre. ― Et puis, la belle vétille ! Un diamant, et il n’y paraîtrait plus.

« La solennité du meeting expliquerait demain bien des choses, à son retour, ― en supposant, en admettant même que… ― Ah ! certes, il faudrait se résoudre à quelque petit mensonge officieux et véniel vis-à-vis de mistress Anderson ! ― (Ceci, par exemple, l’ennuyait ; ceci… Bast ! il aviserait demain). D’ailleurs, ce soir, il était trop tard. ― Par exemple, il se promettait, sur l’honneur ! que nulle autre aurore ne le surprendrait dans cette chambre…, etc., etc… »

Il en était là de sa rêverie lorsque miss Evelyn, revenue vers lui sur la pointe des pieds, lui jeta les bras autour du cou avec un abandon charmeur et demeura ainsi suspendue, les paupières demi-fermées, les lèvres touchant presque les siennes. ― Allons ! c’était écrit.

Espérons, n’est-ce pas ? qu’Anderson sut profiter, en galant et brûlant chevalier, des heures de délices que le Destin venait de lui offrir avec une si douce violence.

Morale : C’est un triste mari qu’un honnête homme sans sagacité. ― Un verre de sherry, miss Hadaly, s’il vous plaît ?