une suite d’incuries et de déficits énormes, d’abord sa propre fortune, puis celle des siens, puis celle des indifférents qui lui avaient confié leurs intérêts, se vit tout à coup menacé d’une ruine frauduleuse.
Miss Evelyn Habal, alors, le délaissa. N’est-ce pas inconcevable ? Je me demande encore pourquoi, vraiment. Elle lui avait témoigné jusque-là tant de véritable amour !
Anderson avait changé. Ce n’était plus, au physique ni au moral, l’homme d’autrefois. Sa faiblesse initiale avait fait tache d’huile en lui. Son courage même, paraît-il, ayant peu à peu suivi son or pendant le cours de cette liaison, il fut atterré d’un abandon que « rien ne lui semblait justifier », surtout, disait-il, « pendant la crise financière qu’il traversait. » ― Par une sorte de honte déplacée, il cessa de s’adresser à notre vieille amitié, qui, certes, eût essayé encore de l’arracher de cette fondrière affreuse. Devenu d’une irritabilité nerveuse extrême, ― lorsqu’il se vit ainsi vieilli, désorganisé, amoindri, mésestimé et seul, le malheureux parut comme se réveiller, et ― le croirez-vous ! ― dans un accès de frénésie désespérée, mit, purement et simplement, fin à ses jours.
Ici, laissez-moi vous rappeler à nouveau, mon cher lord, qu’avant de rencontrer son dissolvant, Anderson était une nature aussi droite et bien trempée que les meilleures. Je constate des faits. Je ne juge pas. Je me souviens que, de son vivant, un négociant de ses amis le blâmait avec beaucoup d’ironie de sa conduite, la trouvait incompréhensible, se frappait le front en le montrant, et, se-