gieuse d’ingéniosité et d’idéal, mais toute naturelle, ainsi réalisée.
Voici : ― vous, pour que je vous entende, en l’état mixte et merveilleux où je suis, toute saturée du fluide vivant accumulé en votre anneau, vous n’avez nul besoin de téléphone ; mais pour que vous m’entendiez, vous, ainsi que tel de vos visiteurs, ne faut-il pas que le téléphone, dont je tiens en ce moment l’embouchure, corresponde à une plaque sonore, si dissimulée qu’elle soit ?
― Mistress Anderson, dites-moi…
― Donnez-moi mon nom de sommeil. Ici, je ne suis plus seulement moi-même. Ici, j’oublie ― et ne souffre plus. L’autre nom me rappelle l’horrible terre où je tiens encore.
― Sowana, vous êtes absolument sûre de Hadaly, n’est-ce pas ?
― Oh ! vous me l’avez bien enseignée, votre belle Hadaly et je l’ai si bien étudiée que j’en réponds… comme de mon reflet dans une glace ! J’aime mieux être en cette enfant vibrante qu’en moi. Quelle créature sublime ! Elle existe de l’état supérieur où je me trouve en ce moment : elle est imbue de nos deux volontés s’unifiant en elle : c’est une dualité. Ce n’est pas une conscience, c’est un esprit ! ― Quand elle me dit : « Je suis une ombre, » je me sens troublée : ― Ah ! je viens d’avoir le pressentiment ― qu’elle va s’incarner !…
Après un léger mouvement de surprise pensive :
― Bien. Dormez, Sowana !… répondit à demi-voix l’électricien. ― Hélas ! il faut un troisième vivant pour que ce Grand-œuvre s’accomplisse !… Et qui, sur la terre, oserait s’en juger digne !