Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/307

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de cela, milord ? dit Alicia, se tournant vers le jeune homme.

― Ne vous ai-je point menée au Louvre, miss Alicia Clary ? répondit lord Ewald.

― Ah oui ! devant cette statue qui me ressemble et qui n’a plus de bras ! Mais si l’on ne sait pas que c’est moi, la belle avance !

― Un conseil : saisissez l’occasion ! s’écria Edison, sans que son regard vibrant cessât de se river aux deux prunelles de l’éblouissante virtuose.

― Mais ― si c’est la mode, je le veux bien ! dit Alicia.

― C’est dit. Et, comme le temps est de l’or, tout en répétant quelques scènes de ces productions dramatiques d’un ordre nouveau, dont nous étudierons ensemble les arcanes, ― (pardon : ce blanc de pluvier, s’il trouve grâce ?) ― mistress Any Sowana va se mettre à l’œuvre, aidée de mes conseils, et au plus tôt. De sorte qu’en trois semaines… Voyez si elle exécute vite !

― Dès demain, si c’est possible ? interrompit la jeune femme. ― Et comment poserai-je ? ajouta-t-elle en baignant ses merveilleuses lèvres de roses rouges dans sa coupe.

― Nous sommes femme d’esprit, dit Edison : oh ! sans fadeurs ! ― Osons donc atterrer, d’avance, nos rivales prochaines ! ― Il faut frapper la foule par un de ces coups audacieux qui retentissent dans les deux mondes !

― Je ne demande pas mieux, répondit miss Alicia Clary ; je dois tout faire pour arriver.

― Au point de vue réclame, votre marbre en pied est indispensable dans les foyers de Covent