Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/372

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névrose, que comme exemple d’anormale perfection de ce cas physiologique.

Le moment est venu, maintenant, de vous apprendre, milord, qu’après le trépas de la belle Evelyn Habal, l’artificielle fille, je crus devoir faire montre à Sowana des reliques burlesques apportées par moi de Philadelphie, en manière de dépouilles opimes. ― En même temps, je lui communiquai l’esquisse, déjà très nette, de ma conception de Hadaly. Vous ne sauriez croire avec quelle joie sombre, nouvelle et comme vengeresse, elle accueillit et encouragea mon projet ! ― Elle n’eut point de trêve que je ne me fusse mis à l’œuvre ! ― Et je dus commencer, puis m’absorber en cette œuvre, à tel point que mes travaux sur les pouvoirs éclairants et les lampes sans nombre que je devais achever pour l’Humanité en subirent un retard de deux années : ― ce qui m’a fait perdre des millions, soit dit en souriant ! ― Enfin, lorsque toutes les complexités de l’organisme de l’Andréïde furent exécutées, je les assemblai dans leur unité transfigurante et lui présentai l’être d’apparition, la jeune armure inanimée.

À cette vue, Sowana ― comme en proie à je ne sais quelle exaltation concentrée ― me demanda de lui en expliquer les plus secrets arcanes ― afin, l’ayant étudiée en totalité, de pouvoir, à l’occasion, s’y incorporer elle-même et l’animer de son état « surnaturel ».

Frappé de cette confuse idée, je disposai, en peu de temps et avec toute l’ingéniosité dont je puis être capable, un système assez compliqué d’appareils, d’inducteurs absolument invisibles,