plupart des femmes devaient, à sa vue, se sentir comme devant l’un de leurs plus séduisants dieux. Il semblait tellement beau qu’il avait naturellement l’air d’accorder une grâce à qui lui parlait. Tout d’abord on eût dit un don Juan d’une froideur insoucieuse. Mais, à l’examiner un instant, on s’apercevait qu’il portait, dans l’expression de ses yeux, cette mélancolie grave et hautaine dont l’ombre atteste toujours un désespoir.
― Mon cher sauveur ! dit chaleureusement Edison en s’avançant, les mains tendues vers l’étranger. Que de fois j’ai pensé à ce… providentiel jeune homme de la route de Boston, auquel je devais la gloire, la vie et la fortune !
― Ah ! mon cher Edison, répondit en souriant lord Ewald, je dois m’estimer, au contraire, votre obligé dans cette circonstance, puisque, par vous, je fus utile au reste de l’Humanité. Ce que vous êtes devenu le prouve. Le peu d’or auquel vous faites allusion, je pense, ne m’était, à moi, qu’insignifiant : donc, entre vos mains (surtout alors qu’il vous était nécessaire), ne se trouvait-il pas beaucoup plus légitimement placé qu’entre les miennes ? ― Je parle au point de vue de cet intérêt général qu’il est du plus strict devoir de toute conscience de ne jamais totalement oublier. Quels remercîments ne dois-je pas au Destin de m’avoir ménagé cette circonstance atténuante de ma fortune ! ― Et tenez, c’est pour vous le dire que, passant en Amérique, je me suis si empressé de vous rendre visite. Je venais vous remercier, moi, ― de ce que je vous ai trouvé sur ce grand chemin de Boston.