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Axël, d’un ton naïf

Capable de quoi ?

Le Commandeur

Enfin, toi, jeune esprit, tu prodigues tes plus claires années en ces creuses investigations de la prétendue Science-hermétique ! — J’ai parcouru les titres des tomes malsains de ta bibliothèque ; tu t’enivres de cette poussière humide ? Tu te laisses endoctriner par un halluciné qui vit chez toi ! Tu t’imagines qu’il y a encore des « sciences occultes » ? — Mais c’est d’une candeur tellement superlative qu’elle confine au ridicule, mon pauvre cousin ! — Que tu joues au moyen âge, — soit ! Ici, c’est fait exprès ; la chose est innocente, et non, même, sans quelque grandeur. Mais pousser le travestissement jusqu’à rénover les souffleurs du Grand-Œuvre ! à grand renfort de cornues et de matras à tubulures ! rêver l’alliage du mercure et du soufre… ah ! je ne puis y croire encore. — Connais-tu l’or potable qui reste au fond du creuset ?… Ta jeunesse. Allons ! Au diable cette défroque usée, qui, d’ailleurs, va mal à un gentilhomme ! Imite-moi. Saisis-toi de la vie, telle qu’elle est, sans illusions et sans faiblesse. — Fais ton chemin ! Fournis ta course ! — et laisse les fous à leur folie.