Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/171

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jeune maître, ils se sont toujours abstenus de penser. Ils s’entre-regardent : ils donneraient leur sang pour qu’il daignât répondre.
C’est pourquoi le comte d’Auërsperg, qui a surpris ce coup d’œil, vient de comprendre l’obscure intention de son adversaire, qu’il considère, maintenant, avec une fixité terrible.
Et, pendant un long moment, le cyclone s’étant éloigné, l’on n’entend, dans la haute salle, que le bruit de la pluie, torrentielle et continue, qui s’écrase, par bourrasques, sur les vitraux.

Après une violente lutte intérieure :

— Soit !…

Montrant, de l’épée, les vieux soldats :

C’est à cause d’eux, à cause d’eux — seuls ! entendez vous ! que je condescends à répondre sur ce respectable terrain « légal » d’où vous m’adressez, en vue de scandaliser ces hommes, des arguties de tabellion lorrain. — Je ne redoute guère l’ombre de ces battements d’ailes de chauve-souris, moi.

— Soldats qui êtes nos témoins, encerclez vos torches aux porte-lampes des murailles — et soyez juges.

Il se dirige vers l’un des sièges, s’y assoit et s’accoude, de droite, à la table encore en lumières : il tient, allongée, son épée nue entre ses jambes croisées, appuyant la main gauche sur le pommeau.
Gotthold, Miklaus et Hartwig ont obéi. — Maintenant