Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/265

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m’était, en effet, légitime de tenter cette conquête, puisque, la seule forme en laquelle mon esprit la pouvait concevoir étant réellement souveraine, je ne relevais plus des vulgaires justices ?

Axël, la regardant fixement

À vous donc le sceptre intact et tout entier.

Sara, grave, après un moment de silence

Soit. Qui donc es-tu ?

Axël, pensif

Qu’importe ! — Adieu.

Sara

Oh !… Demeure. Pensive et d’une voix amère : Me fussé-je dessaisie, moi victorieuse ? Non. La visiteuse d’un soir de hasard fût rentrée dans l’orage. J’eusse rejoint mes équipages et mes piqueurs qui m’attendent sur la lisière de votre forêt. — Plus tard, une fois la légende oubliée, j’eusse fait acquérir, par des mandataires lointains, ce manoir qui m’est désormais familier !… Ta générosité ne saurait donc jamais être, à mes yeux, qu’une aumône imméritée, dont le méprisant souvenir avilirait sans cesse les joies et les fiertés futures… Non ! —