Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/48

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nos dogmes, si ton argile en frémit, qu’il te soit permis de les approfondir, puisque Dieu t’a faite si étrangement studieuse et persévérante, comme si tu étais appelée à devenir pareille aux plus grandes saintes. — Negligentiæ mihi videtur si non studemus quod credimus intelligere, dit, avec un grand bonheur d’expressions, saint Anselme. Mais étudie avec humilité, et, surtout, d’un cœur toujours simple, si tu veux avancer dans la science de Dieu : — ainsi tu garderas cette dignité de l’Espérance, sans laquelle l’humilité même n’a point de valeur parfaite… et, bientôt, sans doute, une grâce t’enseignera que l’unique moyen de comprendre, c’est de prier.

Ne l’oublie pas, tu ne seras jamais un pur esprit : ton âme même, ton âme impérissable, est composée, d’abord, de matière, pour pouvoir jouir ou souffrir éternellement, en restant distincte de Dieu. Materia prima, dit l’Ange de l’École, question soixante-quinzième… Et souviens-toi que la bulle de Clément V frappe d’excommunication quiconque osera rêver le contraire ! — Et si, en dehors de l’obéissance mentale à l’Église, ton entendement se révolte — et cherche Dieu autrement, hélas ! — redis-toi, pour ton salut, cet aveu trouble d’un rhéteur païen : « Telle est la vanité, l’infirmité de la raison de l’Homme, qu’il ne saurait con-