Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/128

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1° Sont-ce les mêmes lions ? Les lions élevés au fer rouge ?

2° D’après diverses confidences, j’inclinerais à le penser.

3° L’illicébrant bestiaire compte-t-il procéder avec les mêmes caresses ?

4° Et quand ce ne serait pas les mêmes lions, qu’importe alors !

Dans la seule hypothèse d’une torture quelconque, et ne sachant jusqu’à quel point le veto de M. le Préfet de police pourrait suffire (corroborant même les avis antérieurs de sa judicature), je viens, tout bonnement, moi, passant obscur, placer les susdits lions sous l’égide, plus efficace encore, de la Loi ; — dont ils sont, d’ailleurs, l’emblème (surtout en cage).

Plaise à M. le président de la Société protectrice des animaux de vouloir bien prendre en commisération les rugissements légitimes de Nina la Taciturne, de Djemmy la Cruelle, d’Octave le Superbe et d’Aly le Débonnaire, lions en rupture de forêts, actuellement détenus dans une cage oblongue, auprès du calorifère du théâtre de la Porte-Saint-M*** !…

Et voici mes motifs :

Qu’un Claude Bernard exerce ses rigueurs (la science l’exigeant) sur des mammifères domestiques ou féroces (et, même, les rende préalablement aphones — pour que leurs cris, arrachés par les recherches expérimentales, ne troublent pas, aux alentours, le paisible sommeil des citadins), c’est là,