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Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/177

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les plus destructifs, les plus brisants et les moins coûteux d’entre les mélanges explosifs le plus à la portée de tous » .

Environ cinq semaines après, — voici, à peine, huit jours, — une conception, cette fois presque sérieuse et même assez grave, chuchotée d’abord entre groupes et avec stupeur, puis faisant traînée de poudre ici et au loin, fut notifiée à qui de droit. Aujourd’hui les anarchistes ne se cachent même plus pour parler. — Cette triste découverte est due à l’imbécillité de plusieurs journaux, qui ont ébruité, en termes scientifiques, il y a trois ans déjà, la presque totalité de ce secret meurtrier. À présent, l’engin, qui mérite attention, est divulgué, c’est-à-dire mis à la discrétion de la foule. — Voici, en résumé, ce que dit l’ennemi :

« Pour la modique somme de deux francs cinquante, tout individu, ayant acquis deux ingrédients débités chez l’épicier, peut, désormais, à l’aide d’un engin spécial des plus simples, et qui ne fait pas de bruit, envoyer ces deux ingrédients se mêler, à quatre-vingts mètres, sur tel point visé. — Or, châteaux, pâtés de maisons, casernes et palais, sous le choc de ce mélange subit, sont écrasés, avec leurs habitants, d’un seul coup, à peu près en un huitième de seconde. — Cet engin peut être confectionné en deux heures, partout, et il est invisible dans l’air. On ne saurait constater par aucune preuve qui peut l’avoir lancé. C’est la Torpille aérienne. »