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L’AVENTURE DE TSË-I-LA


Devine, ou je te dévore.
Le Sphynx.


Au nord du Tonkin, très loin dans les terres, la province de Kouang-Si, aux rizières d’or, étale jusqu’aux centrales principautés de l’Empire du Milieu ses villes aux toits retroussés dont quelques-unes sont encore de mœurs à demi tartares.

Dans cette région, la sereine doctrine de Lao-Tseu n’a pas encore éteint les vivaces crédulités aux Poussahs, sortes de génies populaires de la Chine. Grâce au fanatisme des bonzes de la contrée, la superstition chinoise, même chez les grands, y fermente plus âpre que dans les états moins éloignés de Péï-Tsin (Pékin) ; — elle diffère des croyances mandchoues en ce qu’elle admet les interventions directes des « dieux » dans les affaires du pays.

L’avant-dernier vice-roi de cette immense dépendance impériale fut le gouverneur Tchë-Tang, lequel a laissé la mémoire d’un despote sagace, avare et féroce. Voici à quel ingénieux secret ce prince,