Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/25

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et les paroles commandent le respect, et qui, cependant, laisse une arrière-pensée qui ne satisfait pas.

— Ah ! fit le prince.

Et il regarda quelque temps Wilhelm d’un air songeur. Il faisait une demi-obscurité, des ténèbres bleues ; les deux promeneurs se voyaient parfaitement sous les arbres.

— Mon cher enfant, dit-il, vous arrivez de votre manoir d’Allemagne ; vous avez dix-sept ans ; vous savez beaucoup, et le vieux Walter est un précepteur de génie. Vous êtes seul au monde. Vous vous nommez le comte Karl-Wilhelm-Ethelbert de Strally-d’Anthas : vous descendez des Strally-d’Anthas de Hongrie par votre père, et des Tiepoli de Venise par votre mère ; deux princes et un doge : c’est au mieux. Vous êtes riche du majorat de votre aïeul ; vous êtes brave ; vous êtes fort ; vous êtes beau comme un de ces soirs italiens, par lesquels de belles dames ne dédaignent pas de commettre un joli rêve ; vous arrivez en pleine Italie, à Florence, tenter une fortune de puissance et de gloire ; vous avez le bonheur d’être le cousin, bien