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choux.

que dans l’autre elles restent toujours espacées. Le Ch. de Bruxelles nain est habituellement un peu plus précoce que le grand, mais il continue moins longtemps à produire pendant l’hiver.

Avant de passer à la description des choux verts, nous devons faire mention de deux races de choux très distinctes, qui forment pour ainsi dire la transition entre les choux pommés et les choux sans pomme : nous voulons parler du Ch. Rosette et du Ch. de Russie.


CHOU ROSETTE.


Les Anglais cultivent sous le nom de Rosette colewort ou collard un chou extrêmement distinct, qui, bien que susceptible de pommer, est habituellement employé comme chou vert, lorsqu’il forme simplement une rosette de feuilles jeunes et tendres. On ne peut mieux comparer le Ch. rosette qu’au sommet d’un chou de Bruxelles qu’on aurait coupé et piqué en terre. C’est une plante très naine, dont la tige ne dépasse guère 0m,20 à 0m,25 de hauteur, et porte des feuilles nombreuses, serrées, un peu cloquées, arrondies et profondément creusées en cuiller. Ce chou se sème habituellement vers la fin de juin ou dans le courant de juillet. Les plantes sont arrachées à la fin de l’automne, pendant l’hiver et au printemps, liées par les racines, et portées au marché par grosses bottes. Si l’on sème le Ch. rosette de bonne heure au printemps, il est fait dès le mois d’août, et, laissé en terre plus longtemps, il forme une petite pomme ronde, extrêmement compacte. Mais comme les choux de toute espèce sont abondants à l’automne, ce genre de culture est sans intérêt, tandis que semé plus tard, il donne son produit dans une saison où les choux verts sont plus rares et plus recherchés.


CHOU DE RUSSIE.


Curieuse plante qu’on serait tenté, au premier abord, de prendre pour tout autre chose que pour un chou. Tige assez grosse, un peu épaisse, de 0m,40 à 0m,50 de hauteur. Feuilles d’un vert grisâtre, les extérieures assez foncées et demi-étalées, celles du centre dressées et plus pâles ; toutes découpées en divisions assez étroites, séparées les unes des autres presque jusqu’à la nervure médiane, entières ou quelquefois lobées, à surface grossièrement cloquée. A l’arrière-saison, ce chou forme une espèce de petite pomme assez blanche et très ferme. Son principal mérite est de résister très bien au froid.

A part son apparence singulière, on ne voit pas trop ce qui peut faire rechercher ce chou. Ce n’est assurément pas un avantage que d’avoir les feuilles incisées comme il les a, les nervures s’y trouvant simplement bordées d’une étroite bande de parenchyme, au lieu d’être rejointes par un tissu plein, comme dans les autres choux. Après avoir été cultivé comme plante de collection, le chou de Russie semblait près de tomber dans l’oubli quand, dans ces dernières années, il a été introduit à nouveau en Angleterre, avec grand fracas. Il est douteux que la vogue dont il est actuellement l’objet dure bien longtemps.