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Page:Vilmorin-Andrieux - Les plantes potagères, 1883.djvu/44

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asperge.

sans aucun inconvénient pour la reprise ni pour la beauté de leur produit. La production des plants d’asperges est devenue une industrie importante dans les environs de Paris, et tous les ans il s’expédie au loin plusieurs centaines de mille plants de chacune des meilleures variétés.

Nous avons déjà dit que pour établir une plantation d’asperges, il faut choisir de préférence un terrain sain et léger ; si l’on est réduit à planter sur une terre très forte et humide, il faut par un drainage énergique l’assainir au moins jusqu’à une profondeur de 0m,30 ou 0m,40 et porter tous ses efforts sur l’amélioration de la surface. L’expérience des cultivateurs d’Argenteuil et d’autres localités des environs de Paris, qui depuis vingt ans ont porté la culture de l’asperge à un degré de perfection inconnu jusque-là, paraît démontrer qu’on obtient de meilleurs résultats en fumant et amendant à très fortes doses la couche superficielle de la terre où végète l’asperge, et en s’occupant peu des couches profondes, où les racines ont peu de tendance à descendre naturellement, si elles trouvent une nourriture abondante à la surface. Il y a lieu évidemment de tenir compte, dans les procédés d’établissement d’une aspergière, de la nature du sol dans lequel on opère, et par conséquent de le défoncer plus ou moins profondément ; mais on peut dire d’une façon générale que le grand point, et celui d’où dépend principalement le succès, est de ne pas soustraire la griffe d’asperge à l’influence de la chaleur et de la placer en même temps dans un milieu où elle trouve en abondance la nourriture qui lui est nécessaire. Il faut donc que la griffe soit plantée à une petite profondeur et qu’elle ne soit recouverte d’une assez grande épaisseur de terre que pendant la saison de la pousse, alors que cela est absolument nécessaire pour obtenir des asperges d’une longueur suffisante.

Il n’y a pas de règle absolue à prescrire pour la disposition des plants d’asperges : on peut les placer, soit en lignes isolées, soit en planches contenant deux ou trois rangs ; mais il est bon, dans tous les cas, de les espacer au moins de Om,60 à 0m,80 en tous sens. On s’en trouve bien au double point de vue de l’abondance et de la qualité des produits.

La plantation en planches étant la plus usitée, c’est celle que nous allons décrire brièvement, les soins d’établissement et de culture étant du reste à peu près exactement les mêmes dans la plantation en lignes isolées. Dans le courant de mars ou d’avril au plus tard, on dresse avec soin le terrain qu’on destine à la plantation, et qui doit avoir été, autant que possible, labouré et copieusement fumé avant l’hiver ; on creuse légèrement jusqu’à une profondeur d’environ 0m,10 la surface des planches en ramenant la terre dans les sentiers. On répand alors sur la surface de la planche du fumier bien consommé ou quelque autre engrais actif. Dans les environs de Paris, on se sert beaucoup pour cet usage des boues de ville ou gadoues. On marque ensuite la place que doivent occuper les griffes, sur deux ou trois rangs selon la largeur des planches et en observant l’espacement que nous avons indiqué ; à la place de chaque griffe, on fait un petit tas de terre bien amendée ou de terreau, élevé de 0m,05 environ, sur le sommet duquel on pose la griffe en ayant soin de bien étendre les racines tout alentour et de les faire adhérer au sol en appuyant fortement. Quand toutes les griffes sont en place, on recouvre les racines de terreau ou de terre additionnée d’engrais et l’on répand