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le soin, autant que faire se pouvait, de placer à l’angle des bâtiments et de mettre, par ce moyen, en communication avec une tourelle qui servait de boudoir ou de cabinet de retraite. La disposition que nous indiquons ici se retrouve fréquemment, à quelques détails près, dans les châteaux des XIIIe, XIVe et XVe siècles. En A est le lit, en B la ruelle avec sa chaire C et ses carreaux D ; en E le dressoir, en F des bancs fixes, bahuts destinés à contenir la garderobe ; en G la cheminée avec sa petite fenêtre H et sa tablette I ; en K les portes, en L la tourelle, en M la petite table avec son banc à dossier N, en 0 des escabeaux mobiles, en X une armoire destinée au linge et aux objets de toilette. Les femmes recevaient souvent le matin ou le soir couchées, et alors ce n’était que les intimes et les membres de la famille qui étaient admis dans la ruelle. Le jour, on recevait les visites sur le banc à plusieurs places posé près de la cheminée ; les hommes se tenaient sur les escabeaux ou carreaux ; les gens que l’on faisait attendre ou les inférieurs s’asseyaient près de l’entrée sur les bancs bahuts. Les femmes de haut rang tendaient leurs chambres en noir pendant les quinze premiers jours de grand deuil et restaient couchées, les contrevents fermés. Pendant leurs couches, les chambres étaient richement décorées, mais également fermées et éclairées aux flambeaux[1]. Les époux, même dans les classes élevées, n’avaient habituellement qu’une chambre ; chez les bourgeois, les enfants couchaient, pendant leurs premiers ans, dans des berceaux que l’on plaçait tout à côté du lit dans la ruelle. Aussi ne trouve-t-on qu’un petit nombre de chambres dans des maisons, même vastes, souvent une seule ; les familiers couchaient dans les galetas. Quand on recevait un parent ou un étranger auquel on voulait faire honneur, les maîtres, dans la bourgeoisie comme chez les paysans, abandonnaient leur chambre et allaient coucher dans la salle, c’est-à-dire dans la grande pièce qui servait à la fois de salon, de lieu de réunion et de salle à manger ; ou bien, ce qui arrivait souvent, on dressait un lit dans la chambre des maîtres, et maîtres et étrangers couchaient dans la même chambre (voy. Hôtel, Maison).

CHANCEL, s. m. Canchel, chaingle. Enceinte, clôture ; le chancel du chœur, pour la clôture du chœur d’une église ; s’employait aussi comme balustrade.

CHANFREIN, s. m. Arête abattue suivant un angle de 45 degrés. Dans l’architecture du moyen âge, surtout à dater de l’époque ogivale, les arêtes à la portée de la main, au lieu d’être laissées à angle droit, sont souvent abattues. Les chanfreins sont très-fréquemment appliqués à la charpente et à la menuiserie de cette époque (voy. Biseau, Charpente, Menuiserie).

CHANTIER, s. m. Place vague, espace découvert sur lequel on dépose les matériaux qui doivent servir à la construction d’un édifice (voy. Construc-

  1. Les Honneurs de la Cour. Aliénor de Poictiers, XVe siècle.