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[construction]
[voûtes]
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des chapiteaux occupait moins de place, exigeait un évasement moins considérable, et s’accommodait mieux aux pénétrations ; n’ayant plus qu’une arête mousse en G ou un simple boudin, la retombée biaise sur les tailloirs n’offrait plus les surfaces gauches et gênantes que donnaient les arcs dont la section était C. Peu à peu, les architectes renoncèrent même à cette section C pour les arcs doubleaux et adoptèrent des sections analogues à celle H, offrant de même de I en K une grande résistance de champ, et de L en M une résistance suffisante de plat pour éviter les torsions, déjà maintenues par les remplissages des voûtes. C’est ainsi que chaque jour, ou plutôt après chaque tentative, les architectes arrivaient à supprimer, dans la construction des voûtes, tout ce qui n’était pas absolument indispensable à leur solidité, qu’ils abandonnaient les dernières traditions romanes afin d’obtenir ; 1o une plus grande légèreté ; 2o des facilités pour asseoir les sommiers, puisque ces sommiers allaient dorénavant commander la construction des piles, et, par suite, de tous les membres inférieurs des édifices.

Mais nous sommes obligés, au risque de paraître long dans notre exposé du système des voûtes gothiques, de procéder comme les constructeurs de ce temps, et de suivre, sans la quitter un instant, la marche de leur progrès. Puisque ces constructeurs avaient admis l’arc-boutant, c’est-à-dire une résistance opposée sur certains points aux poussées des voûtes, il fallait bien réunir ces poussées et faire que leur résultante n’agît exactement que sur ces points isolés ; donc, il était de la dernière importance que les arcs doubleaux et les arcs ogives se pénétrassent de façon : 1o à ce que la résultante de leurs poussées se convertît en une seule pression au point où venait butter la tête de l’arc-boutant ; 2o à ce qu’aucune portion de poussée ne pût agir en dehors ou à côté de cette résultante ; en un mot, à ce que le faisceau des poussées fût parfaitement dirigé suivant une seule et même ligne de pression au moment de rencontrer l’arc-boutant comme un obstacle. Des voûtes dont les sommiers étaient posés conformément à la fig. 46 ne pouvaient atteindre ce résultat absolu ; leurs poussées devaient être et sont en effet diffuses, et ne se réunissent pas exactement en une résultante dont la direction et la puissance puissent